Émile Bernard (1868-1941)

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Il incarne l’une des figures les plus étonnantes de l’histoire de l’art. Un cas unique, un prodige qui obtint immédiatement l’admiration de Van Gogh, de Gauguin, de Cézanne et de nombreux critiques ! C’est l’époque où Émile Bernard, ancien élève de l’atelier Fernand Cormon, quitte la maison familiale d’Asnières pour rejoindre Saint-Malo, Saint-Briac puis le bientôt célèbre village de Pont-Aven. « Le petit Bernard est ici et a rapporté de St-Briac des choses intéressantes. En voilà un qui ne redoute rien », s’enthousiasme Paul Gauguin à Pont-Aven, en août 1888. Vincent Van Gogh fera écho dans une lettre à sa sœur Wilhelmine : « Tu demandes qui est Bernard, c’est un peintre jeune — il a vingt ans tout au plus —, très original. Il cherche à faire des figures modernes élégantes comme des antiques grecques ou égyptiennes, une grâce dans les mouvements expressifs, un charme par la couleur hardie. »

Tout est dit. Sauf qu’Émile Bernard, inventeur avec Louis Anquetin du cloisonnisme, va entamer une métamorphose, elle aussi unique, pour s’évertuer à peindre, cinquante années durant, tel les maîtres du passé. Qu’on s’en rapporte à ses écrits : « Grand Dieu de la peinture, fais-moi Dieu comme toi ! » réclame-t-il au Tintoret. Sur les mannes de Véronèse, il supplie : « Génie, donne-moi du génie ! » Répétons-le : une métamorphose unique, radicale, faisant d’Émile Bernard le principal peintre classique français du XXe siècle. Un homme qui préférait le dessin à la couleur et s’attachait à renouveler profondément l’art du lavis, et donc du clair-obscur, l’une de ses grandes passions.

Particulièrement lié à Lorédana Harscoët-Maire, la petite-fille d’Émile Bernard, le Centre Cristel Éditeur d’Art ne cesse de militer pour une meilleure connaissance de cet artiste polymorphe dont Bretonnes ramassant des pommes, tableau peint en 1889, a été acheté quelque 1 731 080 € chez Sotheby’s, à New York, en mai 2019. Le prix du génie.