Peter Klasen (né en 1935)

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Plus de 80 musées dans le monde conservent aujourd’hui ses œuvres. Une sorte de consécration pour cet artiste né à Lübeck en 1935 et formé à l’École des beaux-arts de Berlin dans ce qui était l’Allemagne d’après-guerre. Une Allemagne dévastée qui lui rappelait, à chaque pas, l’effroyable tragédie… Car Peter Klasen devait l’expliquer par la suite : on ne comprend rien à son œuvre si l’on ne souligne pas, avant tout préambule, qu’il a vu le jour au pire temps de l’humanité. Avec pour conséquences la mort de son père et de son oncle, tués l’un et l’autre durant le conflit. L’artiste en garda une méfiance invincible pour les mouvements de foules et les grandes théories…
Comment survivre à l’horreur ? En peignant d’une nouvelle manière, avec un vocabulaire nouveau. Dès le début des années soixante, Peter Klasen trouva le sien, détonnant, fulgurant, articulé à partir de signes. Tantôt des écrous, des chaînes ou des manettes. Tantôt des bâches, des grilles, des portes de fer, des compteurs, des panneaux signalétiques. Des symboles, évidemment, savamment disposés sur la toile, parmi des corps fragmentés — souvent des yeux, ou des bouches, ou des seins —, pour dénoncer ce que Peter Klasen a lui-même vécu : l’omniprésence de la machine et de sa puissance aveugle, destructrice.
On sait de quelle façon l’histoire de l’art a réagi : en le regardant comme le principal fondateur de la Figuration narrative. Mais peut-être faudrait-il plutôt dire, avec l’historien de l’art Jean-Luc Chalumeau, qu’il est « le chef de file du courant réaliste européen, alternatif au pop’art ». Manière d’affirmer que chez Peter Klasen, la force graphique, sa beauté immédiate, est aussi un élément de langage…

Cet immense artiste a exposé à Saint-Malo, au Centre Cristel Éditeur d’Art, en 2016. C’était ainsi la suite logique d’une collaboration commencée un an plus tôt, avec la création de deux estampes pour le Centre Cristel Éditeur d’Art.