Exposition Erro Saint-Malo

Exposition Erró. Retour à Saint-Malo

Du 14 mai au 5 septembre 2015
prolongation jusqu’au 12 septembre

Des centaines d’expositions dans le monde et des records aux enchères ont fait de ce Viking, né en Islande en 1932, une légende de l’art contemporain. Son défi ? Rassembler sur des fresques géantes, en des milliers d’allégories, toutes les images et tous les désirs du siècle.
Pour cette exposition Erró retour à Saint-Malo, Erró a réalisé des collages mettant en scène la cité corsaire, ainsi qu’une puissante estampe, L’Égérie de Saint-Malo, présentée dans un portfolio. L’exposition rassemble des peintures (glycérophtalique, techniques mixtes), des collages et des estampes. L’artiste a notamment créé des collages mêlant les remparts et les villas du Sillon de Saint-Malo avec l’univers de la BD, du manga et du dessin animé.

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Œuvres de l’exposition Erró

Erró
Définitivement inimitable

Mais, par où commencer ? Par sa vie, intrépide, fabuleuse, ou plutôt par son œuvre, l’une des plus impressionnantes et des plus remarquées de la peinture moderne ? Pour en prendre la mesure, l’essayiste Guy Scarpetta n’a pas manqué de prévenir : « Erró est aussi, certainement, l’artiste le plus prolifique qui ait jamais existé depuis  Picasso. » Au vrai, l’homme qu’il salue, né de Thor, en Islande le 19 juillet 1932, semble repousser chaque limite. Ne s’est-il pas engagé, selon sa propre formule, à « faire la synthèse de toutes les images du monde » ? Une quête hallucinée, manifestement liée aux sagas nordiques qui ont nourri son enfance dans le décor aride des volcans. Puis vint l’âge des premières ambitions… Étonnamment fort, merveilleusement doué, Erró s’inscrivit à l’École des Beaux-Arts de Reykjavik dont il sortit diplômé, à moins de vingt ans, « avec la meilleure note jamais reçue en Islande ».

Il s’embarqua pour la vieille Europe, courant les musées et les villes. Le destin d’un Viking, bien sûr, et celui d’un prodige capable de coucher sur une toile, dans maintes expositions, le masque honni des tyrans, les tournesols de Van Gogh, le corps somptueux d’une femme, la silhouette populaire de Mickey et des mangas japonais. En somme, la synthèse dont il a toujours rêvé… Et, pour les historiens, un phénoménal tour de force lui permettant d’imposer, face à l’hégémonie américaine, une conception allégorique du Pop’Art. L’anthropologue Marc Augé l’a exactement résumé : « Erró, peintre mythique » !
Oui, fascinant colosse, que rien ne saurait endiguer, ni la gloire, ni les enchères sensationnelles — un collectionneur déboursa jusqu’à 1 234 696 dollars chez Christie’s, en décembre 2007, afin d’acquérir Comicscape, l’un de ses nombreux tableaux monumentaux. Mais, encore une fois, Erró n’en a cure. « Tous dogmes et rites officiels me laissent froid. Mon indépendance est inaliénable », annonçait-il déjà en 1960. Réflexe instinctif d’un barde voyageur qui, dans son indépendance même, nous fait l’honneur, aujourd’hui, de revenir à Saint-Malo, où il posait jadis son sac. « Je marchais sur le Sillon, passant devant l’hôtel des Thermes et devant ce que je regardais comme des petites maisons de pêcheurs », souffle-t-il. Puis, dans un élan formidable, le crayon à la main, ce maître de jeter une égérie musclée sur la cité corsaire.

Christophe Penot
Éditeur d’art