Oui, vraiment, quels artistes ! Et quelle bannière, puisque tous défendent les couleurs d’
Art Absolument, magazine fondé en 2002 par Pascal Amel et Teddy Tibi afin de partager leur impérieuse passion du savoir et du beau. Une sorte d’apostolat, en somme, suivi par des milliers de lecteurs, des milliers de fidèles. D’où l’idée de convier les meilleurs représentants de l’époque à créer une œuvre forte, capable d’être éditée à trente exemplaires, dans la tradition multiséculaire de l’estampe. Parce qu’il convient de l’écrire : rien n’incarne davantage l’histoire de l’art, donc l’histoire des échanges entre les hommes, que cette tradition de l’estampe, née (en Occident) à la charnière des XV
e et XVI
e siècles. Née, précisons-le, avant la presse de Gutenberg, mise au point vers 1450…
Première estampe — on parle désormais de multiple —, première image conservée ? Celle de soldats en armes, dessinés et imprimés par une main inconnue. Puis vinrent, gravés dans le fer, les chefs-d’œuvre consacrant cet art exigeant, tantôt signés par Dürer, tantôt par Brueghel, Botticelli, Titien, Raphaël, Callot ou Rembrandt. Et puis, les siècles passant, d’autres techniques furent utilisées, dont la lithographie, employée chez Corot, Van Gogh, Gauguin, Dalí, Picasso. C’est peu dire que nos neuf artistes ont pris le relais : chacun d’eux nous apporte, pour faire résonance, un tableau, un multiple. Selon le principe de « résonance » qu’évoquait jadis Paul Valéry à propos de Baudelaire : une œuvre « présente aux esprits, impossible à négliger, renforcée par un nombre remarquable d’œuvres qui en dérivent… »
Christophe Penot