Frédéric Brandon (né en 1943)

Alain lacoste artiste art brut arts singuliers
Et dire qu’il peint depuis soixante ans ! Et dire que cet ancien diplômé de l’école des beaux-arts de Paris aurait pu prétendre à l’éclat d’un Prix de Rome — il était monté en loge — si le vieil André Malraux n’avait décidé, dans la furia de mai 68, de mettre fin au plus prestigieux concours du monde de l’art ! Mais, dans le grand local lui servant d’atelier, force est d’avouer que Frédéric Brandon se fiche et se contrefiche du fameux Prix de Rome ! Son bonheur et son honneur, présentement ? D’avoir passé toute sa vie devant son chevalet. D’avoir vécu toute sa vie de sa peinture ! Et d’avoir vu une vingtaine de ses œuvres entrer dans une quinzaine de musées… « Pourtant, je n’ai jamais voulu mener une carrière, explique-t-il. J’ai juste cherché, jour après jour, comment mieux raconter mes histoires, comment mieux peindre mes tableaux… »

On l’a compris : ce vaillant octogénaire est un raconteur d’histoires. Et donc un peintre figuratif, également lithographe et graveur, qui jette sur la toile les passants, les objets, les paysages ou les aventures qu’il rencontre… Passants, objets, paysages ou aventures qu’il ne manque jamais de traduire en de multiples couleurs, avec une joie joliment contagieuse. Car tel s’avère ce représentant de la belle tradition française : un créateur heureux, capable de rendre heureux ! Un artiste au remarquable savoir-faire que l’historien de l’art Jean-Luc Chalumeau aime à ranger dans le sillage des géants de la Figuration narrative. Classement cependant restrictif : Frédéric Brandon, lui, préfère l’idée d’être libre. Libre de peindre des vaches rouges, vertes ou bleues. Libre d’étirer à n’en point finir ses crépuscules. Libre de faire sentir et ressentir sa peinture. Comme l’a écrit Robert Bonaccorsi, un autre critique d’art : « Frédéric Brandon est un maître. »

Si bon maître que le Centre Cristel Éditeur d’Art à Saint-Malo, pour fêter ses dix ans d’ouverture, a tenu à lui consacrer une fervente rétrospective en avril 2024. Un feu d’artifice. Avec soixante œuvres !

C. P.