Pierre Jérôme

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« Abstrait ? Figuratif ? Ces notions n’ont guère de sens devant ces compositions colorées, devant ces arrangements de lumière et d’ombre dont l’atmosphère picturale nous étreint », prévenait jadis Denis Coutagne, fameux conservateur devenu aujourd’hui le meilleur spécialiste mondial de Cézanne sans rien perdre de son admiration pour Pierre Jérôme. Une admiration que beaucoup partagent depuis que le Centre Cristel Éditeur d’Art l’a sorti de l’oubli, lui consacrant une importante exposition en 2016 sous le titre : « Le maître retrouvé ».
Et quel maître ! D’abord le peintre classique, salué par le Deuxième Second Prix de Rome en 1932, le Premier Second Prix de Rome en 1933 et le Prix de Rome en 1934, ce qui aurait pu suffire à sa gloire. Puis le maître moderne toujours en recherche, tenu jusqu’à sa mort comme un professeur mythique qui enseignait à l’Académie de la Grande Chaumière et à l’École polytechnique. En 1976, quatre musées, à Dunkerque, à Dieppe, au Mans et à Besançon, honorèrent cette carrière en organisant une rétrospective réunissant une centaine de tableaux. Encore une fois, il faut se rendre au jugement de Denis Coutagne : « Voilà une peinture à regarder avec amour car la peinture de Pierre Jérôme est une histoire d’amour. » Puis d’évoquer « un dialogue fait de silence, d’ombre et de lumière [qui] s’établit entre le peintre et son modèle (une femme, un bouquet de fleurs, un paysage), le peintre et le public. » C’était presque tout dire.
On connaît son chef d’œuvre : Le Carnaval Étrange, superbe fresque de 1,50 x 4,89 m réalisée en 1965. Accrochée aujourd’hui dans la salle d’exposition d’Audi Saint-Malo, elle nous rappelle ce que Raymond Cogniat écrivait déjà en 1959 : « Il se dégage de l’art de Pierre Jérôme une impression de force tranquille et rassurante, quelque chose qui fait penser au bon géant, timide et bienveillant, qui n’a pas besoin d’inquiéter ou d’intimider pour prouver sa personnalité. » Celle d’un peintre. D’un vrai !

C. P.