Exposition Horizon Petits formats Saint-Malo

Exposition Horizon. Petits formats

Du 7 décembre 2019 au 29 février 2020

Toute leur vie durant, ils ont repoussé l’horizon. Des œuvres somptueuses, quelquefois gigantesques… Avant de revenir à ce génie particulier qu’affrontent volontiers les grands peintres : le petit format ! Autrement dit, un condensé de couleurs, de formes et de forces signé ici par des artistes d’hier et d’aujourd’hui. De Millet à Camilla Adami. De Dauchot à Daniele Steardo. De Lucas à Sylvain Besançon. De Lézin à Anne Limbour et Jean-Michel Linfort.

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Œuvres exposées

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Dire peu
pour dire tout !

Quelle diable d’idée que ce titre pour une vingt-troisième exposition ! « Horizon. Petits formats »… On imagine déjà l’étonnement de nos visiteurs, de nos fidèles et des nouveaux venus. N’y aurait-il pas, au sens strict, une sorte d’antithèse, et même une contradiction ? Comme si le standard des grands châssis, le fameux 100 x 81 cm pour une figure, le 73 x 100 cm pour un paysage, le 65 x 100 cm pour une marine, pouvait seul asservir l’histoire de l’art… Or — chacun le devine —, l’histoire de l’art n’a jamais réclamé qu’un unique espace : la liberté. Liberté de penser. Liberté de choisir. Liberté de créer. Aussi tous les artistes de tous les siècles se sont-ils attaqués librement à différents formats, avec une réussite souvent constante. Citerons-nous, par exemple, Pierre Lucas, lauréat du Prix de Rome 1937, dont nous révélons, au milieu de six tableautins, deux vues inédites de Saint-Malo ? Quand il ne composait pas, pour la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Saint-Maur-des-Fossés, un panneau décoratif de 60 mètres de long, il dessinait à la pointe, sous la loupe, des timbres pour la Poste française ! Génie du magistralement grand, génie du magistralement petit… Si l’on ne craignait de se disperser, l’on irait jusqu’à raconter la passion de la miniature si chère à Alberto Giacometti : c’est l’affaire, trop oubliée, des deux cent trente séances de pose qu’il a exigées d’Isaku Yanaihara afin de réaliser son portrait. « Petit comme il est, ça devrait aller. Avec ça, on peut s’approcher de la réalité… », expliqua-t-il. Yanaihara vérifia : entre ses doigts, l’immense Giacometti tenait un carton de cinq centimètres !
En fait, la règle est connue, qu’évoque abondamment ce nouvel accrochage : dire peu, pour dire tout ! La philosophie du haïku, en somme, traduisant un condensé de couleurs, de traits, de formes et de forces, sinon de poésie… Faudra-t-il, là encore, citer quelques noms ?

Celui de Camilla Adami, dont le petit tableau, Voir loin, vibre d’une captivante respiration. Puissance intérieure, subtile, qui exprime, à n’en pas douter, celle de l’artiste. Sur les murs, Camilla Adami converse avec quatre toiles de Daniele Steardo, l’un de ces jeunes maîtres italiens que nous promet la peinture contemporaine. Parlera-t-on aussi de Sylvain Besançon, peintre intégral au geste de graveur ? Ou de ceux que nos convictions défendent, la plasticienne Anne Limbour et le pastelliste Jean-Michel Linfort : deux habitués de nos cimaises, mais également deux habitués des grands formats qui ont relevé le défi proposé : dire peu, pour dire tout !
Répétons-le : il existe un génie propre au petit format — il en existe même plusieurs. Parmi eux, il faut louer une inévitable et généreuse invitation à l’éclectisme, chaque mur pouvant accueillir, tantôt dans un coin, tantôt près d’une fenêtre ou à côté d’un miroir, l’habileté d’un artiste capable de faire battre les cœurs. On sait ici nos préférences : Louis Fournier, André Tondu et Pierre Jérôme, trois autres lauréats du Prix de Rome, Jacky Lézin, soldat buissonnier de la Figuration narrative, Yvette Alde, Christian Caillard, Éliane Thiollier, Gabriel Dauchot et Jacques Berland, qui firent les beaux jours de l’École de Paris. Sans négliger, bien sûr, les illustres classiques, Jean-Léon Gérôme, Émile Bernard, Jean-Baptiste Millet et Maximilien Luce dont nous sommes particulièrement heureux de présenter de rares et attachants petits formats… Et puis, à l’entrée de ce Centre d’art qu’il arpentait il y a peu, comment ne pas se souvenir, devant cinq de ses œuvres, du génie crépusculaire et prophétique de Vladimir Veličković ? Un peintre merveilleux, un merveilleux ami, récemment disparu.
Cette exposition lui est dédiée.

Christophe Penot
Éditeur d’art